Démarche
Dans mon travail il n’y a pas de jeu, pas d’histoire à raconter, pas de métaphore à chercher. Il n’y a que la matière, présente, chargée de son expression propre que j’essaye de laisser parler.
Le trait, qu’il soit au pinceau, au crayon ou gravé, est l’autre composante majeure de mon travail. Pratiquant la peinture en parallèle, je traite l’engobe sur mes surfaces céramiques comme l’acrylique sur mes toiles: en étalant des couches superposées, en laissant les traces de pinceaux, en mélangeant sur une palette les couleurs, plus ou moins diluées. Le trait est l ‘élément de base du dessin et me fascine par sa simplicité qui cache un poids expressif intense : quand il est seul au milieu de rien, ou lorsqu’il est répété ou encore allongé. Il peut être tout droit ou hésitant, épais ou fin.
A travers ces accumulations de matières, ces irrégularités dans les formes, ces imperfections dans les traces, je recherche le chaos originel, source de vie, dans un monde figé en lignes droites et lisses, tellement épuré qu’il en devient aseptisé, sans goût ni odeur.
Je travaille vite, sans m’attarder car j’ai l’impression que si je traîne sur un trait, je perds quelque chose: la vie, le mouvement, la liberté. Je m’exprime à travers ma sensibilité globale sans trop réfléchir d’où un résultat brut et instinctif, des traces primitives et simples.
Technique
J’utilise différents grès et parfois un peu de porcelaine. Je travaille au tour (pour les contenants et petites pièces) ou je façonne au colombin et à la plaque (pour les grosses pièces). Je traite mes surfaces principalement à l’engobe. J’ajoute également d’autres matières comme la terre noire chamottée, du carbonate de cuivre, et un mélange de kaolin-alumine. Je recouvre certaines zones d’émaux transparents de ma composition pour obtenir des effets rugueux, bulleux ou encore croûteux. Enfin je cuis mes pièces au four électrique en oxydation autour de 1280°C.